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Apprendre la langue tchétchène

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Cours de langue Tchétchène

Carte de Tchétchénie

Par sa situation géographique unique (hautes montagnes situées entre la mer Noire et la mer Caspienne), le Caucase est connu pour son nombre impressionnant de langues. Ces dernières n'ont d'ailleurs souvent aucun lien avec les langues sémitiques, turques ou indo-européennes.

Langue du Caucase du Nord-Est parlée en Tchétchénie par environ 2 millions de locuteurs, le tchétchène est dans la famille des langues waynakh.

Le tchétchène est l'une d'entre elle et son étude vous fera découvrir une langue à la fois riche et complexe. La connaissance de la langue tchétchène vous permettra une incursion unique dans l'imaginaire fascinant de ce peuple de montagnes influencé par sa religion et ses traditions. 

Cours audio de tchétchène - Leçon #1 LIMBA @
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Le tchétchène est très similaire à la langue ingouche, parlée dans la république voisine.

Le tchétchène est écrit avec l'alphabet cyrillique auquel on a fait quelques ajouts pour représenter l'ensemble des sons propres à la langue.

Le tchétchène possède 8 cas (déclinaison). Le principe de la déclinaison stipule que la terminaison d'un mot change en lien avec sa fonction dans la phrase. En d'autres mots, le mot "maison" changera de terminaison si on dit "dans la maison", "en provenance de la maison" ou "vers la maison". 

Pour les Européens, la langue tchétchène (parfois connue sous l'appelation tchétchène-ingouche pour sa ressemblance avec la langue parlée dans la république voisine) possède de nombreuses caractéristiques peu communes. L'apprentissage du tchétchène est donc facilité lorsque les étudiants sont initiés aux caractéristiques principales de la grammaire et de la structure de cette langue caucasienne. Voici donc notre dossier sur le tchétchène.

Il y a environ 3 millions de locuteurs qui parlent la langue tchétchène; La grande majorité d'entre eux sont des Tchétchènes.

Grammaire de la langue  tchétchène

 

Les informations concernant la morphologie et la grammaire du tchétchène ont été pris du magnifique livre "Parlons Tchétchène-Ingouche". Nous renvoyons le lecteur à cet ouvrage de référence pour approfondir les notions du cours audio pour apprendre le tchétchène.

Les cas en tchétchène

Comme de nombreuses autres langues, le tchétchène, comme l'ingouche est une langue a déclinaison.  Cela veut dire que la terminaison d'un mot change en lien avec sa fonction dans la phrase.

 

En français, le seul changement qui subit un mot, c'est pour noter son caractère pluriel. On ajoute alors un "s". En tchétchène, la situation est plus complexe. Prenons le mot "maison - хӏусам" comme on le retrouve dans le dictionnaire. La forme de base est appellé nominatif, ou sujet. Par contre, si on dit, "je suis DANS la maison", les Tchétchènes diront "maison" d'une autre façon alors que pour dire, "j'arrive DE la maison" le mot "maison" se dira encore autrement.

La langue tchétchène connait 6 fonctions (ou cas). Certains langues comme le hongrois ou finnois en ont 16 et 21, leur conférant ainsi une complexité fascinante. Les 6 cas du tchétchène sont : absolutif (ou nominatif), ergatifgénitif, datif, instrumental, comparatif et le locatif. La locatif en tchétchène a la particularité d'être utilisé de trois façons différentes: le locatif est utilité pour décrire où se situe une action ou une chose. L'allatif répond à la question "vers où?" et l'ablatif fait référence au point d'origine d'une chose ou d'une action. 

Cas par cas

L'absolutif est le premier cas, pour les linguistes sa marque est égale à 0, c'est effectivement le thème nu du mot, c'est sous cet aspect que le mot apparaîtra dans le dictionnaire. Ce cas est celui qui traduira en français le patient ou l'objet de l'action lorsque le verbe est transitif et le sujet de l'action lorsqu'il est en relation avec un verbe intransitif. Le nominal à l'absolutif sera en règle général l'élément le plus proche du verbe.

L'ergatif, nous l'avons vu, est un cas qui n'intervient que dans les énoncés comportant des verbes transitifs et il marque alors l'agent. Dans la traduction française il sera toujours traduit comme étant celui qui fait l'action du verbe. Sa marque pour les nominaux est soit "-y" soit "-3 " Cette dernière est de façon presque régulière accolée aux noms dont le référent est un animé.

Le génitif est utilisé comme en latin et dans les langues slaves pour former des compléments du nom et c'est également le cas employé pour marquer les rapports de possession. Ainsi un Ingouche ne dira pas "ma maison" mais "maison de moi". Le possessif a une forme identique à celle du pronom personnel marqué par le cas génitif. Cette marque casuelle se forme en suffixant au thème nu un "-a" souvent réduit à un "-e" ou un "-и ".

 

Le datif en "-H" indique le bénéficiaire de l'action lorsqu'on utilise un verbe trivalent, c'est-à-dire qui exige un agent, un patient, un bénéficiaire ou un destinataire. C'est ce que la grammaire traditionnelle appelle un complément d'objet indirect ou un complément d'attribution. Parfois le verbe transitif impose l'apparition du datif à la place de l'ergatif, l'absolutif, lui, étant obligatoirement présent. Il existe une variante du datif appelé datif 2, qui se reconnaît à son suffixe en "-г". Il s'emploie obligatoirement avec certains verbes comme "dire" et "téléphoner". Il marque la fonction d'attribution lorsqu'il est employé avec le verbe d'existence "être". Il marque l'agent des tournures factitives ou causatives avec les tournures employant le verbe laisser suivi d'un autre verbe d'action.

 

L'instrumental a une marque en "-ц". Cette fonction regroupe sous le terme d'instrumental diverses significations. Elle peut indiquer la matière, la manière, l'origine, le moyen mais également l'accompagnement.

Le comparatif porte la marque "-л". Il est utilisé pour établir un degré de comparaison entre deux termes qui syntaxiquement peuvent être un adjectif et un nominal ou enfin un pronom et un nominal. Il a le sens d'un comparatif de supériorité que l'on peut traduire en français par "plus que". Utilisé avec un adverbe de négation, il prend le sens de comparatif de supériorité négative "pas plus que" car le comparatif d'infériorité n'existe pas en ingouche. L'élément comparé reste à l'absolutif alors que l'élément de référence porte la marque du comparatif, l'unité comparative est reliée au reste de l'énoncé et quelle que soit sa classe syntaxique par la présence de la postposition "-гI" .

L'ingouche et le tchétchène utilisent également trois cas spatiaux: le locatif qui précise un lieu; on l'emploie pour répondre à la question "où ?", le directif ou allatif qui indique le mouvement; on l'emploie pour répondre à la question "vers où ?", l'ablatif qui indique le point d'origine; on l'emploie pour répondre à la question "d'où ?".

Les classes en tchétchène

C'est une particularité intéressante des langues du Caucase. L'ingouche et sa langue voisine le tchétchène répertorient, comme bon nombre de langues africaines comme le wolof, l'ensemble de ses noms en différentes classes. Chacune de celles-ci est marquée par un préfixe qui ne dépend pas, et c'est là la difficulté, du nom qu'elle caractérise mais du verbe. Rassurez-vous, l'indice de genre n'est obligatoire qu'auprès des verbes commençant par une voyelle.

L'ingouche et le tchétchène ne sont, malgré tout, pas des cas à part, car, si nous regardons la famille des langues caucasiques, nous observons que toutes les langues de la branche septentrionale foisonnent de marques de classe. Certaines langues telles que l'oubykh ou le bats ont jusqu'à huit marques de classe différentes, l'ingouche et le tchétchène, pour leur part, en comptent plus modestement six.

La structure du nom en radical + affixe de classe (préfixe, suffixe ou les deux) que l'on retrouve dans certaines langues d'Afrique noire ne se retrouve ni en ingouche ni en tchétchène. Effectivement les nominaux sont dépourvus de tout affixe. Ainsi, souligne Dumézil, "on ne voit pas apparaître les indices de classe dans la déclinaison substantive ni par conséquent dans les rapports entre substantifs".

Malgré tout, nous avons noté la présence de marques fossiles de classe dans quelques nominaux, ce qui attesterait d'un certain état antérieur de langue où effectivement les noms portaient la marque de leur appartenance à telle ou telle catégorie. Ainsi, nous avons relevé divers termes de parenté présentant encore une alternance consonantique pertinente, reprenant le schéma: préfixe de genre + radical.

Les pronoms en tchétchène

                                 

Le groupe des pronoms a été appelé ainsi par commodité pour éviter un nouveau terme et pour se rapprocher de la grammaire traditionnelle. En fait ce groupe de pronoms ne fonctionnent pas comme ceux que nous connaissons en français. En ingouche et en tchétchène les unités qui composent le groupe des pronoms déterminent comme le nom des verbes, mais également le nom lui-même. De façon plus claire, les personnels, les indéfinis, les quantitatifs et les interrogatifs sont tout à la fois pronoms et adjectifs.

 

Les pronoms personnels en tchétchène

 

Le pronom personnel ingouche ou tchétchène ne prend pas, comme en français, des formes différentes selon qu'il est isolé pour indiquer l'emphase ou non. Nous aurons donc la répétition de la même forme si nous souhaitons dire "moi, je" ou "lui, il". En outre les formes pleines des personnels sont doublées par des formes qu'on appelle réfléchies.

Le pronom prendra une désinence particulière suivant sa fonction dans la phrase. Comme le nom, il est assujetti à des déclinaisons. Le paradigme des pronoms personnels comprend 9 unités. On distingue celle qui renvoie au locuteur c'est le "je", la 1ère personne, puis celle qui renvoie à l'interlocuteur, au "tu", à la 2ème personne. Pour leurs corollaires du pluriel, les pronoms ingouches et tchétchènes expriment des nuances que nous ne connaissons pas en français. Effectivement, il existe une opposition entre le "nous exclusif" et le "nous inclusif". L'emploi du "nous inclusif" permet au locuteur de se situer avec les personnes auxquelles il s'adresse ("moi+vous"), alors que le "nous exclusif" lui permet de se ranger avec des personnes non comprises dans le groupe auquel il s'adresse ("moi+eux" à l'exclusion de "vous"). Il existe également une cinquième personne, celle qui renvoie à un ensemble de personnes comprenant l'auditeur mais excluant le locuteur.

Autre particularité importante et qu'il convient de souligner ici, c'est que les troisièmes personnes du singulier et du pluriel ont dans ces langues un statut à part. Ces unités existent et sont bien intégrées au paradigme des pronoms personnels puisqu'elles commutent avec les autres au même point de la chaîne et qu'elles s'excluent mutuellement. Mais d'un point de vue sémantique, elles ne fonctionnent que comme des déictiques c'est-à-dire uniquement comme des unités qui désignent, qui montrent et qui sont en relation très étroite avec la situation. On aura donc deux unités de troisième personne l'une renvoyant à une personne proche du locuteur ou présente au moment de l'énonciation et l'autre renvoyant à une personne éloignée du locuteur ou absente au moment de la parole. Ces deux unités reçoivent la détermination du pluriel pour former les troisièmes personnes du pluriel.

L'écriture en tchétchène

L’écriture tchétchène, jusqu’au XXème siècle était sans écriture. C’était d’ailleurs le cas pour toutes les langues du Caucase èa part le géorgien et l’arménien. Un linguiste du nom de  Baron Pyotr Karlovich Uslar (1816 – 1875) tenta alors de créer un alphabet pour les peuples de montagnes. Malgré tout son travail, son succès fut mitigé. Par contre, les langues du Caucases ont alors passé par 3 alphabets successifs. L’alphabet arabe, puis écriture latine puis écriture cyrillique.

C’est en 1918 que l‘alphabet arabe (appellé "adjam") fut introduite. On remarqua rapidement son insuffisante à représenter l’ensemble des sonorités de la langue tchétchène.

Dans un ouvrage de 1928 décrivant les traditions et coutumes des Ingouches, Nikolay Yakovlev (1892-1974), écrivain et linguiste soviétique, écrivait que les jeunes Ingouches se plaignaient de l'absence d'écoles ingouches et qu'ils souhaitaient avant tout que leur langue trouve une écriture afin qu'elle puisse devenir langue de la littérature. Il rapportait également les paroles d'un jeune Ingouche cultivé: (...) "la langue ingouche est la plus difficile au monde. Mais c'est seulement à travers notre langue natale qu'on pourra apprendre quelque chose à l'Ingouche peu cultivé. Il faut commencer à enseigner aux enfants dans leur langue natale. Aucun Russe ne peut prononcer certains de nos mots et aucune langue n'est semblable à la nôtre sauf le tchétchène".

Pour cette langue que les Ingouches eux-mêmes reconnaissent comme une langue très difficile, il fallait inventer un alphabet qui convienne, un alphabet que chacun puisse écrire et lire. De tout temps et pour tout peuple c'est une tâche extrêmement délicate et difficile, aussi, afin de comprendre la complexité des choses, il faut remonter non seulement dans l'histoire des Ingouches mais surtout dans l'histoire du Caucase tout entier.

Les caucasologues s'accordent à penser que dès l'Antiquité, les porteurs des langues caucasiques avaient utilisé les langues et les alphabets des peuples colonisateurs: arabes, araméens ou grecs. En Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan, on a retrouvé de nombreuses inscriptions rédigées dans ces langues. Le grec, par exemple, était très populaire avant J. c., en Géorgie de l'ouest ainsi que sur la rive est de la mer Noire où, depuis l'Antiquité, des villes grecques avaient été fondées. Par ailleurs, dans les derniers siècles avant J. C., il était très populaire dans le Moyen Orient d'utiliser l'alphabet phénicien dans sa forme araméenne, c'est également ainsi qu'il s'est répandu avec sa langue en Transcaucasie. Assez rapidement le géorgien et l'arménien adopteront et adapteront à leur langue ces divers alphabets qui sont toujours les leurs aujourd'hui.

 

Toutes les autres langues du Caucase n'étaient pas écrites et il faut noter que jusqu'à des temps relativement récents, beaucoup de peuples du Caucase utilisèrent, comme le géorgien et l'arménien avant eux, les langues littéraires étrangères.

 

Ainsi,  les peuples  du Daghestan, mais  également les Tchétchènes puis, plus tard, les Ingouches employèrent longtemps l'arabe comme langue du pouvoir. Cette langue pénétra au Daghestan au XIVème siècle et y restera jusqu'au XVlème, laissant ainsi le temps à l'Islam de s'implanter et d'y renforcer son pouvoir. Toute la correspondance officielle était rédigée en arabe ainsi que la "charia " c'est-à-dire le livre des lois religieuses et des règles de la vie quotidienne.

 

Les arabisants du Moyen Age daghestanais s'occupaient, en général, de publications religieuses mais ils répandaient également des livres de mathématiques, d'astronomie, de poésie ou de prose des auteurs arabes. Plus tard, apparaîtront des oeuvres originales, surtout des mémoires, décrivant de grands faits historiques toujours relatés en arabe. C'est d'ailleurs dans cette langue que le secrétaire de Chamyl écrira le récit de l'insurrection.

 

Pourtant la langue arabe, imposée par les religieux, restera longtemps étrangère au peuple daghestanais et elle commencera à péricliter à partir du moment où le Daghestan sera rattaché à la Russie.

 

Le linguiste Uslar tentera de créer pour les peuples de la Montagne un alphabet basé sur l'alphabet cyrillique, mais le succès ne sera pas au rendez-vous. Uslar souhaitait ainsi publier les livres des Montagnards mais ses espoirs ne se réalisèrent pas d'une part parce qu'il eut un soutien très faible de la part du gouvernement et d'autre part à cause de la résistance farouche des religieux musulmans.

 

Ainsi, au début du XXème siècle, toutes les langues autochtones du Caucase, excepté le géorgien et l'arménien, restaient pratiquement sans écriture. Les possibilités pratiques de création de langue littéraire pour tous ces peuples apparurent seulement après la révolution d'Octobre. Le              premier                pas dans le développement culturel, organisé par le pouvoir soviétique, fut la création de l'écriture nationale. A partir de cette période, les langues caucasiques passèrent par trois graphies successives: l'arabe, connue sous le nom de nouvelle "adjam" c'est-à-dire persane, l'écriture latine puis l'écriture cyrillique.

 

Dès 1918, la graphie arabe était utilisée par les Ingouches et par les Tchétchènes mais cette graphie ne se révèla pas apte ni suffisante pour refléter les nombreux sons spécifiques de ces langues, même en y introduisant des signes supplémentaires (on trouva notamment des signes pour les voyelles qui n'existaient pas dans l'écriture arabe).

 

Cette écriture s'étant révélée techniquement imparfaite et difficile, on créa un nouvel alphabet en 1928 qui, lui, était basé sur les signes de l'alphabet latin. Il fut choisi par le Comité de Parti et par le Comité National d'enseignement. Quels étaient réellement leurs motifs? Les bolcheviques voulaient en fait la désislamisation des Tchétchènes et des Ingouches et cela devait aussi passer par le changement d'écriture.

 

Par ailleurs la campagne antireligieuse fut menée avec une grande brutalité, les mollas furent arrêtés, les écoles coraniques furent fermées et les mosquées détruites. Le pouvoir soviétique choisit d'abord la graphie latine, l'alphabet latin étant reconnu dans toute l'Europe de l'Ouest et les activités économiques, pétrolières en particulier, attiraient dans cette région du monde les Allemands, les Français et les Anglais.

 

Une fois l'alphabet latin choisi, on imprima un journal nommé "sjerdalo" ce qui signifiait "lumière". Des articles venus de tous les coins d'Ingouchie furent publiés dans ce journal, mais comme il n'y avait pas de règles de grammaire, il était très difficile de comprendre ce qui était écrit. Puis on commenca à préparer des livres. L'auteur de cet alphabet, Malzagov, écrivit un drame en ingouche : "l'enlèvement de la fiancée" qui connut beaucoup de succès. Malgré tout, l'essentiel était fait, le besoin de s'instruire dans sa langue natale était là et les Ingouches y tenaient beaucoup. "On espère, écrivait Malzagov, qu'avec la participation active du peuple ingouche et des savants, la jeune écriture ingouche surmontera toutes les difficultés qui se trouvent sur son chemin".

 

Toutes les tentatives d'utilisation de la nouvelle graphie dans les langues caucasiques mais également dans les autres langues caucasiennes montrèrent de nombreux côtés négatifs. C'était avant tout un obstacle dans la voie du rapprochement des peuples du Caucase avec la langue et la culture russe. Ce sera donc en 1938, en réponse au désir des peuples caucasiens d'accéder à la culture russe, que fut créée, pour les peuples qui avaient une écriture récente, une nouvelle écriture basée sur l'alphabet cyrillique. Pour noter les sons spécifiques à leurs langues, les caucasiens utilisèrent des combinaisons de lettres en associant le signe mou ou le signe dur de l'alphabet russe à certaines lettres.

 

La création de cette écriture fut le point de départ de leurs propres littératures jouant ainsi un grand rôle pour le développement culturel et économique de leurs peuples. Mais il ne faut pas se leurrer, cette entrée dans l'écrit cachait une politique de russification. L'obligation pour toutes les langues caucasiques d'être transcrites à l'aide des signes de l'alphabet cyrillique devait conduire à rendre ces langues minoritaires au sein même de leurs peuples. Effectivement, cela permettait de rendre encore plus facile l'intégration des emprunts au lexique russe. Mais l'effet pervers se traduisait surtout par le fait que tout Ingouche et tout Tchétchène qui apprendrait le russe pourrait par là même lire également l'ingouche ou le tchétchène. Or comme l'accession aux universités devait obligatoirement passer par un examen en russe, la politique éducative fut très rapidement évidente, la scolarisation devait se faire en russe. L'ingouche et le tchétchène, comme toutes les langues caucasiques, redevinrent essentiellement des langues orales (se reporter à la page 33 où nous parlons de la situation de ces langues par rapport à la scolarisation et par rapport à leur diffusion écrite et orale).

La famille linguisitique du tchétchène

Le tchétchène ("nokhchiyn mott" en tchétchène) est dans la famille des langues caucasiennes qui a deux branches: les langues occidentales (langues abkhazie-adyghe) et orientales (langues nakh-dagestani). La langue tchétchène appartient aux langues Nakh. Les représentants actuels des langues Nakh sont le Tchétchène, l'ingouche et le Batsbiet (très peu de personnes représentent cette nation et leur religion officielle est le christianisme, alors que les Tchétchènes et les Ingouches sont musulmans).

En Tchétchénie, le peuple vit avec un billinguisime actif. C’est donc dire que les gens se parlent en russe et en tchétchène dans la même phrase, passant de l’un èa l’autre sans même s’en rendre compte. La connaissance de la langue tchétchène permet néanmoins une incursion dans la culture de ce peuple de montagnes.

Les langues caucasiques

Les langues du caucasiques auxquelles appartient le tchétchène (et ingouche) sont réparties en deux sous-familles : les langues septentrionales et méridionales.

La famille septentrionale se divise en deux groupes :

1. les langues tchétchénolezghiennes (aussi connues sous le nom de langues caucasiques du Nord-Est). Dans ce groupe est inclus les langues du Caucase central comme le tchétchène, l’ingouche et le bats, cette dernière étant parlée dans la province de Touchétie (თუშეთი) en Géorgie. On y trouve également divers groupes de langue du Daghestan comme l’avar, l’andi, le lak, le dargwa, l’artchi (parlé par environ 1000 personne dans un village du rayon de Tcharod). On retrouve également dans cette famille, plusieurs langues du Daghestan méridional comme le küri, le lezghien, l’agoul, le tabassaran, le budukh, le jek, le khinagoul, le routoul et le takhour. Enfin, on y retouve aussi des langues du Daghestan sud comme l’oudi (+- 5000 locuteurs) et le hinaluk.

2. Les langues abasgokerkeles (aussi connues sous le nom de langues caucasiques occidentales). Ce groupe de langues comprend l’adyghé, (tcherkesse), le kabarde, le circassien et l’abkhaz.

La famille méridionale est particulièrement homogène. Les langues de ce groupe sont parlées au sud du Caucase, le long de la mer Noire ainsi que dans les hautes vallées du Caucase. D’un point de vue phonétique, elles sont beaucoup plus simples que les langues de la famille septentrionale.  Ce groupe comprend 4 langues kartvéliennes (du nom « géorgien ») : géorgien, le mingrélien, le laze et le svane.

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