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Grammaire et structure de la langue iakoute (cаха тыла)

Apprendre la langue de la Yakoutie en Sibérie Orientale

Cours de langue iakoute en France

Note : ce dossier d’informations sur la langue yakoute a pris en référence les travaux de Émilie Maj et Marine Leberre-Semenov dans le livre « Parlons Sakha » écrit aux éditions Harmattan. Il s’agit d’une ressource importante pour cette langue de Sibérie.

 

La langue yakoute (aussi écrit iakoute), également connue sous le nom de Sakha, est parlée par 450 000 personnes vivant principalement dans la république russe de Sakha par le peuple yakoutsk. Le yakoute possède certaines particularités  si on le compare aux autres langues de la famille turque.

La langue des yakoutes  fait parti du groupe altaïque au même titre que les langues mongoles comme le khalkh et le bouriate. Elle possède d’ailleurs des structures similaires aux langues turciques anciennes comme le Chuvach (Tchouvatche). Il faut également noter la longue interaction avec la langue evenke et mongole, créant ainsi des changements tant sur le plan phonétique, lexical que grammatical.

Alphabet yakoute

Le premier texte (phonétique) écrit en langue yakoute fut écrit en 1705. Par contre, c’est en 1851 que fut écrit la première grammaire de langue yakoute par Eduard Pekarskij (1858-1934). Un alphabet fut introduit en 1919 et établit plus formellement en 1922. L’alphabet utlisé à cette époque était le système Novgorodov avant de retourner à l’alphabet latin dans les années 30. En 1939-1943, l’alphabet cyrillique fut réintroduit pour écrire la langue yakoute. L’alphabet cyrillique yakoute utilise 40 lettres. Elle est constituée de l’alphabet cyrillique typique avec 7 lettres (ou agencement de lettres) supplémentaires (Ҕ, Дь, Ҥ, Нь, Ө, Һ, Ү). Les lettre е, ё, ю я ne sont pas typiques de la phonétique iakoute. Elles proviennent toujours de mots empruntés à des langues étrangères (principalement du russe)

 

Phonétique yakoute

Comme le mongole et les langues turques, le iakoute utilise le principe d’harmonie vocalique. La langue possède des voyelles longues (redoublées) et courtes. Les diphtongues sont très présentes (deux voyelles suivies prononcées – ыa, yo, иэ, үө)

 

Harmonie vocalique dans les langues turques

 

Le yakoute est une langue agglutinante. C’est donc dire qu’on appose à un radical de base, des suffixes qui déterminent le nombre, le genre, le cas, la personne et le temps. Cette agglutination se fait en lien avec le principe d’harmonie vocalique. Ce dernier dicte que la voyelle retrouvée dans le radical de base détermine les voyelles des suffixes apposés à ce dernier. En d’autre mots, les voyelles seront de la même classe (voyelles fermées – ы, и, у, ү, voyelles ouvertes – э, а, о, и) que celle dans le radical de base.

 

Chaque suffixe peut donc avoir 4 variantes selon le radical auquel il est apposé. Si on prend le suffixe déterminant le pluriel, on pourra le retrouver dans l’une ou l’autre de ces formes –лар, -лэр, -лор, -лөр

Assimilation consonantique de la langue iakoute

Ce principe stipule que certains consonne change lorsqu’on appose un suffixe à un radical de base. Ainsi le mot iakoute омук (en latin : omouk – peuple) devient омуга (en latin : omouga – son peuple). Dans l’exemple précédent, le K devient G.

En langue yakoute, on sait maintenant que la langue est dite agglutinante en ce sens que des suffixe vont être apposé à un radical de base. Cette apposition de deux morphèmes aux consonnes distinctes créera souvent un doublement de consonnes.

 

Voici certaines règles de ces doublements en iakoute

 

т + л =       тт               ат + лар             аттар (les chevaux)

н + л =       нн              дьон + лор        дьоннор (les gens)

ҥ + ҕ =       ҥҥ             хатыҥ + ҕа       хатыҥҥа (sur le bouleau)

х + ҕ =       хх               харах + ҕа        харахха (dans l’œil)

 

Dans certains cas, on parlera de transformation des deux consonnes (consonne finale dans le radical de base et consonne initiale du suffixe)

 

т + б        ˃      пп

н + б        ˃      мм

н + ҕ       ˃      ҥҥ

 

Pour résumé le principe d’assimilation consonantique en iakoute, il faut comprendre que la consonne initiale du suffixe change selon la consonne finale de la base du radical auquel il s’agglutine.

 

La possession en iakoute

 

Dans la langue des Yakoutes, il est impératif d’ajouter un suffixe d’appartenance en plus d’un pronom possessif. Le suffixe change en fonction de la personne (1ère, 2ème ou 3ème) et du nombre (singulier ou pluriel). Voici les suffixes à ajouter à la fin du mot pour marquer la possession

 

                                          Singulier                    Pluriel

1ère personne                    - м                             -бит

2ème personnes                - ҥ                              -ҕыт

3ème personne                  - а                               -лар 

 

Les pronoms possessifs en iakoute

 

Мин (mon), Эн (ton), Кини (son), БиҺиги (notre), ЭҺиги (votre), Кинилэр (leur)

 

Exemples de prossession en iakoute avec le mot аҕа (père)

 

Мин аҕам (mon père)

Эн аҕаҥ (ton père)

Кини аҕата (son père)

БиҺиги аҕабыт (notre père)

ЭҺиги аҕаҕыт (votre père)

Кинилэр аҕалара (leur père)

 

Les adjectifs en iakoute

 

Les adjectifs iakoutes sont toujours invariables. Il ne change donc jamais en lien avec le nom, le genre, le nombre ni le cas. Ainsi le mot улахан signifiant « grand-e-s » pourra être apposé au mot « дьиэ » signifiant « maison ».

 

улахан           дьиэ (une grande maison), улахан дьиэлэр (de grandes maisons), улахан дьиэҕэ (dans une grande maison)

 

Les adjectifs possessifs en iakoute

 

Les pronoms personnels utilisés pour indiquer « je, tu, il, nous, vous, ils » sont les mêmes que pour les adjectifs possessifs « mon, ton, son, sa, notre, votre, leur »,  Мин (mon), Эн (ton), Кини (son), БиҺиги (notre), ЭҺиги (votre), Кинилэр (leur). Voici donc la liste :

Мин (je), Эн (tu), Кини (il, elle), БиҺиги (nous), ЭҺиги (vous), Кинилэр (ils, elles).

 

Les verbes et la conjugaison en iakoute

 

Les verbes iakoutes possèdent deux modèles selon qu’ils se terminent par une consonne « гын (faire) » ou par une voyelle « сатаа (savoir faire) ». La conjugaison iakoute comprend 4 temps : présent, passé récent, passé éloigné et futur. Comme pour l’ensemble des aspects de la langue iakoute, c’est l’ajout d’un suffixe (changeant en fonction du temps) qui crée la négation.

La déclinaison de la langue iakoute

 

La langue iakoute comprend une déclinaison à 8 cas :

 

Nominatif : cas sujet

Partitif : complément du nom. Il correspond au « de » français comme dans l’expression « l’ami de mon père.

Datif : complément d’objet indirect. Répond à la question « à quoi? À qui? »

Accusatif : complément d’objet direct. Répond à la question « Quoi? Qui? »

Ablatif : Indique l’origine. Il répond aux questions « De qui? De la part de qui? De quoi? D’où?

Instrumental : indique la manière et répond à la question « par qui, pas quoi? Avec quoi?

Accompagnatif : indique ce qui accompagne l’action

Comparatif : ce cas marque la supériorité et répond à la question « plus que qui? » ou « plus que quoi? »

 

En langue iakoute, les types de déclinaisons sont nombreux. Il y a une déclinaison particulière pour les noms simples, pour les noms munis d’un suffixe d’appartenance et une dernière pour les pronoms personnels.

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